Beaucoup de bruit pour rien ?

Vous êtes peut-être ici parce qu’on se connait.

 

Vous êtes peut-être aussi perdu.e.s après avoir suivi un lien qui ne mène pas nulle part, mais dans cette grande bloguothèque (j’ose) où s’épanouira ce nouveau blogue. 


Un autre blogue. 

Vraiment ? Tant meurent après quelques paraphes, dis-je, après avoir mis à mort ce genre de verbes étalés à la verticale sur la toile. Toile, qui est, dans sa tentaculaire évanescence, aussi nulle part. Cela dit, j’ose néanmoins penser que ce nouveau-né vivra au moins deux belles années, puisqu’il est pieds et poings langés dans de beaux draps… Comme moi, qui suis micro lié à une entente avec le directeur de la programmation de la station que vous écoutez à l’occasion, peut-être quotidiennement, c’est-à-dire religieusement, voire pour la messe dominicale. Vous êtes peut-être ici aussi parce que vous avez entendu la nouvelle émission En Mémoire d’elles en syntonisant le 91,3 FM à Montréal (ou sur une autre fréquence ailleurs) ou parce que la visite du site de Radio VM vous a conduit jusqu’à mon minois et jusqu’à l’hyperlien. Vous avez succombé.e.s. Votre index s’est agité... Vous avez cliqué. Vous avez bien fait ; )



Le présent blogue se veut un complément de l’émission du même nom diffusée tous les mardis à 13h30 à partir du 15 septembre 2020 et rediffusée les mercredis à 19h30, les jeudis à 22h30 et les lundis à 1h00. Quoi qu’il en soit, cette émission, à l’instar de toutes les autres, se trouvera également dans les archives de la station et pourra être écoutée (réécoutée) quand bon vous semblera et surtout en dehors des ondes. Dès cet automne, j’ai donc l’immense plaisir d’animer, En Mémoire d’elles, parfois bien seule et parfois accompagnée d'invitées toutes aussi intéressantes les unes que les autres (Lydwine Olivier, Valérie Irtanucci-Douillard, Mounia Aït Kabboura, Anne Létourneau et j’en passe). Ces femmes sont bien que trop éduquées. Elles ont aussi toutes la langue bien pendue. En d’autres temps et d’autres lieux, elles auraient probablement fini sur un quelconque bûcher... Aujourd’hui, merci, elles ne recevront peut-être que des menaces de mort sur Internet... Je ne le souhaite pas, mais il semble que les femmes dans l’espace public dérangent encore... Et, encore plus, quand elles osent parler, repenser et critiquer le religieux, travail nécessaire en ces temps où il est si souvent instrumentalisé, entre autres, contre elles…

 

Le présent blogue se veut un complément de l’émission puisqu’étant souvent submergée par les points clés à discuter ou la richesse des propos échangés, j’évite de m’appesantir sur les nombreuses références qui ont nourri la réflexion, j’omets maints détails qui peuvent aider à comprendre ce qui est dit ainsi que les pièces musicales. Qu’à cela ne tienne, chaque semaine, je compèterai ici le segment radiophonique. Sous le titre des émissions hebdomadaires, je développerai donc certains sujets qui auront été abordés un peu trop vitement dans le cadre des vingt-sept petites minutes hebdomadaires. De plus, je présenterai les publications de mes invitées et, bien sûr, les pièces musicales passées sous silence. À l’occasion, je proposerai plus de sources à consulter pour quiconque est intéressé à en savoir plus ou simplement à explorer un peu plus avant le monde foisonnant de l’exégèse et des sciences des religions consacrées aux monothéismes et divers choix musicaux complémentaires ; les recherches à cet effet ayant été fréquemment bien fructueuses.

 

Pourquoi une émission à Radio VM ? 

Boursière postdoctorale FRQSC de la cuvée 2018-2020, j’ai examiné ces deux dernières années les rhétoriques discursives et iconographiques utilisées par les principaux médias de langues française et anglaise publiés au Québec de 2002 à 2004 et de 2015 à 2017 pour traiter particulièrement du cas des femmes martyres/violentes contemporaines (i.e. les šhahīdāt palestiniennes de la deuxième Intifada, les muhādjirat, istišhadiyyāt et/ou inghimasiyyāt de l’autoproclamé califat de l’État Islamique (EI), ainsi que les femmes de l’armée israélienne et des forces armées kurdes). Méchant programme ! Lequel est, soi-dit en passant, pas tout à fait complété, les contraintes existentielles obligeant fréquemment à mettre ce genre de projet sur la glace… D’ailleurs, à l’automne 2019, le Fonds a généreusement invité cette cohorte à proposer des projets de transfert de connaissances pour bénéficier d’une extension d’un an, avec chèque à la clé (une chance!). Gestionnaire de recherche pendant une décennie, j’ai pris — pauvre de moi — un malin plaisir à rédiger pareille demande (pensez bien ce que vous voulez, il n’en demeure pas moins que ce vice m’est payant).

 

Or, j’ai beau posséder les habiletés requises pour réussir ce genre d’exercice, soporifique aux yeux de la majorité, il me fallait quand même trouver un moyen de parler de mon dada, qui n’est pas l’affaire la plus réjouissante du nouveau siècle... En plus, les données collectées y sont d’une grande spécificité. Certes, les représentations des femmes martyres/violentes donnent à penser les transformations de la notion de martyre et donnent surtout accès à la façon dont on traite des femmes, violentes de surcroit, dont l’identité religieuse peut être un facteur déterminant, voire discriminant. Cependant, la violence féminine demeure un phénomène marginal, tant dans les mouvances terroristes de tous acabits qu’ailleurs, et elle ne constitue manifestement pas une préoccupation de premier plan. Vous ne vous réveillez probablement pas la nuit avec cette crainte... Toujours est-il que, aux yeux de certain.e.s, les femmes — violentes ou non, religieuses ou non et musulmanes ou non — représentent une menace et doivent en subir les conséquences. D’ailleurs, nombres d’articles expliquent le passage des femmes à la violence comme le simple résultat de contraintes ou de violences qu’elles auraient préalablement vécues... Il y a là matière à réflexion et matière à diffusion, mais les résultats préliminaires de ma recherche postdoctorale m’ont toutefois suggérée qu’il était préférable d’embrasser plus large — et pas nécessairement de mal étreindre —, soit de les utiliser à titre d’inspirations et d’exemples, notamment pour démystifier le phénomène du martyre, pour mettre en lumière la place des femmes dans les religions monothéistes et la violence narrative déployées à leur égard. Que voulez-vous, traiter de ces sujets est délicat pour 1001 raisons. Il est donc important de les aborder avec prudence, autant pour se garder de cibler un groupe, d’alimenter la haine, d’attiser la polarisation que de laisser croire qu’on banalise et/ou valorise la violence et les individus qui choisissent cette option. De toutes façons, si je devais vraiment présenter les résultats spécifiques de cette recherche, je vous perdrais probablement en chemin et/ou j’exciterais peut-être quelques têtes brûlées (deux cas de figure qui, malgré les précautions prises, peuvent quand même arriver). Les notions de martyre, de genre et de violence, réelle et symbolique, au féminin et dans le cadre religieux sont le fil rouge de l’émission de radio. Elles visent à sensibiliser à faire réfléchir aux délicates dimensions d’un problème qui outrepasse les cas de figures de ma recherche, qui concerne littéralement tous et toutes et, par conséquent, nécessite une plus grande mobilisation. Le moment est, à mes yeux, critique.



Ayant eu le plaisir de co-animer avec Jasmin Miville-Allard une émission à CKRL (89,1 FM) au début des années 2000 — Hybridis —, j’ai gouté au plaisir de ce médium et, suite l’appel du FRQSC, j’ai eu l’envie de réitérer. Il me semblait plus pertinent de diffuser de pareilles connaissances à un large public que dans des sphères plus restreintes, de revenir à une réelle implication citoyenne, être chercheure dans la cité. Mais où allais-je pouvoir proposer un tel projet ? Rapidement, Radio VM, la seule radio au Québec qui traite ouvertement de culture religieuse, m’a semblé l’endroit tout indiqué. Il faut dire que la phrase « au cœur de l’essentiel » me parle énormément, voire me titille le neurone et le cœur. De plus, l’idée de prendre mon temps, de ne pas crier dans le studio, de réfléchir à voix haute me plaisait énormément, autant que celle de réunir autour de la table plus d’une tête, de trouver UNE spécialiste (oui, oui, préférablement, étant donné la chance qui m’ait donné d’avoir un pareil réseau et de pouvoir, pour cette raison, faire place à ce qui n’en a pas assez) d’un sujet que je ne connais ni des lèvres ni des dents (Merci Jean-Pierre Ferland pour cette perle – Modern Hotel, 1980). Peut-être avez-vous remarqué que RVM, à l’instar de plusieurs autres stations, a beaucoup plus d’animateurs que d’animatrices. Non ? C’est potentiellement l’angle mort de votre vie (pas nécessairement si vous n’écoutez jamais la radio). Quoi qu’il en soit, c’est là et ce n’est pas Martine Delvaux en le nommant Le Boys Club (Montréal : Éditions du remue-ménage, 2019) qui l’a fait apparaître. C’est là et ça doit changer. J’avais donc un argument supplémentaire dans ma besace. Un autre qui s’ajoutait à la nécessité d’aborder le sujet FEMMES dans les religions, parce que nous sommes en 2020 et que ce silence a assez duré. À mes yeux, il importe aussi de traiter des aspects du religieux et des religions qui demeurent cruciaux pour bien comprendre notre monde; des aspects qui ne font pas nécessairement l’objet d’analyses dans les médias. Avec Raynald Gagné (Directeur général et directeur de la programmation) et Richard Loiselle (Directeur des ressources techniques et directeur adjoint à la programmation), il a été convenu que je produise soixante-douze émissions sur les femmes dans les monothéismes de septembre 2020 à août 2022... Mon pitch devait être bien convainquant…


L’objectif d’En mémoire d’elles est de faire connaître des femmes, d’hier à aujourd’hui, qui sont trop souvent éclipsées ou oubliées alors qu’elles occupent une place de choix dans les récits, les institutions et les imaginaires. Chacune des émissions aborde une figure importante ou méconnue du judaïsme, du christianisme et de l’islam. Certaines sont consacrées aux personnages féminins des textes sacrés et d’autres abordent leurs rôles (rabbins, pasteures, imams, etc.). Des figures de femmes fortes, résistantes, rebelles sont également au menu, de même que la façon dont elles sont vues dans les divers mouvements fondamentalistes, and more ! La cuvée 2020-2021 présente, dans une certaine mesure, un féminisme de deuxième vague, bien peu queer dans la mesure où la notion « femme » peut y sembler limitée, sinon essentialisée. Compte tenu du désert existant sur les ondes québécoises à propos des femmes et des féminismes dans les monothéismes, il m’apparaissait important d’en brosser un tableau un tant soit peu chronologique. Il y a des générations et plusieurs inspirations ont bien voulu m’aider à prendre mon élan dans cette drôle d’aventure. Il va sans dire que si certaines participantes ont hier pris part à plusieurs batailles — batailles nécessaires et qu’il faut souligner, puisque la mémoire est aussi un pouvoir, comme le dit jadis si bien Judy Chicago — d’autres marchent déjà vers demain en ayant bien en main les outils offerts par l’intersectionnalité ou qu’est l’intersectionnalité, ainsi qu’armées de la théorie du genre, ma foi, hautement décriée dans les milieux religieux conservateurs (à chaque époque ces inquisiteurs). Cela étant dit, il m’apparaissait essentiel d’en passer par des contributions, qui peuvent sembler datées, mais qui ont permis ce qui s’observe aujourd’hui. On ne refait pas les anthropologues et les exégètes, iels aiment les vielles affaires! Cette année, seule et avec mes différentes invitées — oui, toutes des femmes qui s’identifient comme telle —, un voyage dans le temps, parfois couplé de questions d’actualité, se fera, sur la mer agitée des féminismes. 


                                                           

Pourquoi un blogue?

Mon mandat est vaste. Le pire, c’est qu’il ne s’arrête pas à cette production radiophonique. Non. Il a été établi que je crée également un blogue. Vous y êtes. Et vous pourrez saisir rapidement que ce dernier ne peut être une simple réplique de mes frasques en ondes. C’est pourquoi il nécessite que je compartimente les tâches qui m’incombe. Si vous arrivez en ce début de l’automne 2020, vous trouverez bien peu d’entrées… avec le temps, les choses vont se compliquer (n’est-ce pas ainsi que tout fonctionne?). D’abord, il y aura le libellé RVM, auquel s’ajoutera celui de Compte-Rendu et celui de Fonds de tiroirs au cours de cette même belle saison. Puis, à l’hiver 2021, je déploierai encore plus mes ailes… si je puis utiliser cette image étant donné que je me sens encore loin d’être un volatile. Il n’en demeure pas moins que je devrais, si la Covid-19 le permet, me retrouvez sous d’autres cieux…et vous trainer, par la magie des mots, avec moi…

 

COMPTE-RENDUS

Boulimique de lecture, j’ai bien choisi mon chemin, car chaque semaine, je suis amenée à dévorer des articles et des livres. Il est bien certain que tout ce qui entre ne peut ressortir sous forme digeste. À l’occasion, un texte en bonne et due forme prend le chemin des revues scientifiques, mais il arrive aussi que je me prête à l’exercice par plaisir ou que ce soit presqu’un torchon ou que ce soit trop personnel ou impressionniste (Montréal, c’est ma ville, l’impressionnisme, c’est mon style). Ces fonds de tiroir virtuel (Dieue sait qu’il en a!), bien que non sollicité, parce que les bouquins ne sortent pas des presses ou ne s’invitent pas si aisément dans mon champ vont former une rubrique additionnelle. Que voulez-vous, dans ma condition précaire, je dois sans cesse prouver au monde que je ne reste pas les doigts croisés et que les différents investissements financiers ayant permis ma surformation (ou déformation, allez savoir ce qui sera exigé quand la prochaine crise frappera) ont aussi servi à potentiellement former un regard, une pensée. Les quelques textes de cette trempe seront toujours précédés, par simple mesure indicative, de l’intitulé susmentionné. J’ose espérer que du temps « libre » (ouf, quelle belle matière à écrire une croustillante entrée de blogue) m’offrira la joie de trouver un titre moins prosaïque. Parce que sérieux, compte-rendu, c’est plate longtemps! Le cas échéant, je déroulerai un fil rouge, voire un tapis, tiens, pour que vous ne vous retrouviez pas dans la salle des pas perdus, toustes perdu.e.s.

  

FOND DE TIROIRS 

Ai-je besoin de préciser? Je vais le faire, par bienveillance et par envie de ramasser, un peu — rien qu’un peu — le monde de l’édition, le monde académique, le monde pensé et mené par des hommes. Tsé, on n’a pas réinventé le discours de la méthode et on ne passe pas trop à la varlope les tenants des Lumières… Mes critiques peuvent paraître le fruit d’une victimisation ou d’une hargne injustifiée ou se justifiant par le refus, le rejet, un tout petit esprit de vengeance. Vous me voyez venir. Il y aura donc sous cet intitulé les articles refusés et pour lesquels je peine à trouver les minutes requises pour les améliorer ou pour les faire répondre aux exigences d’évaluateurs/trices anonymes… Si ce débat était ouvert, me semble que ça serait déjà plus intéressant, mais bon. Il y aura aussi, quand même, des essais que personne, hormis moi, n’a jamais vu ou des entrées de blogue oubliées, rarement consultées qui, à mes yeux, s’inscrivent en droite ligne d avec les demandes du FRQSC. Micro lié d’un côté, mains et yeux rivés à mes écrans de l’autre, il me faut — ciel que ce n’est pas gagné — diffuser.

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