LA FEMME DANS GENÈSE 3

L’été indien (qu’il faudra sous peu renommer) a passé la porte, s’est faufilé dans les Celsius taquets bas des dernières semaines, malgré l’interdit gouvernemental de sortir et palabrer avec les aimé.e.s. N’ayant pas nécessairement voulu en revenir aux fondements de l’humanité pour nourrir nos réflexions sur nos récents quotidiens, je réalise néanmoins qu’il y a conjonction, fortuite, donc peut-être d’autant plus heureuse. En effet, cette semaine, et les deux prochaines, je me suis entretenue avec Lydwine Olivier, laquelle vient de compléter une thèse de doctorat, sous la direction de Guy-Robert St-Arnaud, à l’Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal sur la place de la femme désirante dans Genèse 3 et sa réception par une certaine tradition. C’est ce dont il a été question en cette belle fin de septembre – haute voltige qui exige beaucoup d’attention, ce pourquoi les compléments des deux prochaines semaines seront plus substantiels (à suivre!). Évidemment, c’est le genre de sujet sur lequel la discussion peut durer (peut-être est-ce d’ailleurs la discussion que l’humanité poursuit depuis l’avènement sublime du langage – la place de la femme désirante ou, pour être encore plus précise et donc citer celle qui est également membre du Centre d’écoute et d’interprétation des nouvelles recherches du croire (CEINRC), « Ève en tant que métaphore du manque et sujet-femme désirante, laquelle n’est pas étrangère au désir de Dieu ». 


Dans son travail doctoral, Lydwine Oliver a commencé par repérer que ce que nous connaissons du personnage d’Ève dans le texte de Genèse 3 est le fruit de la perception de ce qu’elle définit comme « la Tradition » et de son interprétation. Des éclaircissements quant à ce qu’elle entend par cette tradition ont été donné au cours de notre échange radiophonique. 

Elle affirme que sa thèse (à défendre sous peu, quand les contraintes relatives à la covid-19 et celles peut-être aussi terribles de l’administration universitaire pourront être outrepassées ; ) vise à participer à une réflexion et une discussion sur l’être femme, non plus considéré comme objet à soumettre, posséder, ou dont le corps pourrait être réduit à procréer, mais comme l’expérience d’un sujet singulier, un sujet de désir, un parlêtre de chair et de sang dont le dire et le désir sont à prendre en compte en écart du discours universel, pour que les femmes soient reconnues dans leur énonciation singulière et subjective comme participant à l’à-venir du monde, qu’elles soient reconnues comme souffle qui émerge du manque et qui fait brèche dans le fantasme de l’Un » (Olivier). À lire ces quelques lignes, on voit bien que la psychanalyse occupe une part importante dans sa façon de travailler, ce qui n’a pas été abordé de front mais s’entend et peut aussi se lire dans l’article « À l’écoute de la réception de Genèse 3: une place pour une femme désirante ». Quoi qu’il en soit, cette perception, sur le versant de « la femme-objet », est une réalité fondée par le regard d’hommes croyant que la femme est par nature plus faible, parce qu’incomplète, manquée, et donc manquante. En explorant comment les interprétations du récit de Genèse 3 mettent en scène les figures d’une Ève tantôt dangereuse, tantôt inférieure, tantôt gommée par la figure idéalisée de la Vierge Marie, Lydwine Olivier montre comment les a priori culturels propres à une lecture androcentrique ont profondément marqué la façon même de relire le texte, de l’entendre et de le comprendre. Travail nécessaire et, en quelque sorte, toujours à recommencer…

Prenant acte de la manière dont cette Tradition a entendu et masqué tout à la fois la différence sexuelle homme-femme, comme elle l’écrit elle-même, Lydwine, dans son analyse discursive du récit de Gn 3, déroule comment la figure d’Ève peut aussi devenir la représentante du manque désiré par Dieu lui-même. À ses yeux, le manque voulu par Dieu, dont Ève est la métaphore, apparait comme l’ingrédient nécessaire à la vie, à la parole et au désir, et comme le fardeau que doit porter Ève pour marcher sur les chemins de son propre destin de femme qui ne peut pas plus échapper à la question de la maternité (question soulevée et approfondie dans l’émission du 20 octobre prochain, place au débat dans la modernité qui permet d’autres voies, questionne donc cette destinée). 


De femme-objet à femme-sujet…de la parole, par laquelle Ève déborde 

Ève a un rôle actif. De sa posture de « pas-toute » (Thank goddess !), elle prend place dans la création de l’adam comme celle à qui s’adresse le serpent venu d’ailleurs. C’est avec le serpent que le premier dialogue s’instaure (Adam crie, mais Ève, avec le rusé, sage ou subtil, prudent et avisé personnage, comme dans Proverbes 14, 8, parle au travers ou se manifeste à travers la parole nécessitant de l’autre, autre que l’Autre) et qu’Ève s’éprouve comme sujet parlant et désirant. Et le serpent, en s’adressant à elle, en fait une négociatrice et une pourvoyeuse de nourriture (ne serait-ce d’ailleurs une importante part de sa dite destinée ?). En effet, en Genèse 3, 1-5, on peut lire : « Le serpent était le plus (ARUM) astucieux/rusé/subtil parmi tous les animaux des champs qu’avait faits YHWH Élohim. Il dit à la femme : « Vraiment, Élohim a dit : Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? » La femme dit au serpent : « Nous mangeons le fruit des arbres du jardin. Mais le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Élohim a dit « vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas de peur de mourir ». Le serpent dit à la femme : « Non, vous ne mourrez pas de mort (Lo met temoutoun) ! Car Élohim sait que, du jour où vous mangerez, vos yeux se dessilleront et vous serez comme des dieux (Ke’lohim), connaissant le bien et le mal ». 

Avant de poursuivre sur le récit, quelques mots sur les ceux dont la traduction est offerte. 

Le serpent (arum, qui permet un joli jeu de mot avec arom qui se traduit par nudité) – animal fondamental dans toutes les mythologies de tout le Proche-Orient ancien – ne parle pas de YHWH Élohim, mais d’Élohim seulement. C’est la seule occurrence de tout le chapitre, laquelle peut être un renvoi à Genèse 1 où l’adam est androgyne et Dieu n’est justement qu’Élohim, Celui dont le pouvoir particulier est de créer et séparer. De plus, par l’usage du pluriel dans ce passage, il est évident que la femme est incluse dans l’interdit imposé à Adam. De plus, elle parle de l’arbre qui est milieu du jardin qui, auparavant, est l’arbre de vie, mais plus ici… comme s’il y avait deux arbres se voisinant…Enfin, la femme étant « officiellement » seule dans cet échange avec le serpent, on peut penser qu’elle tend davantage vers la condition de dieu (Élohim étant un pluriel). Cela dit, ce pluriel, employé autant par le serpent que par Dieu dans les paroles rapportées par la femme, sert peut-être suggérer que l’adam est là, qu’elle et lui sont ensemble. En effet, à trois reprises, on trouve ce « vous », ni homme en général, ni homme ni la femme, mais l’homme et la femme ensemble (réunis en une seule chair…). Ensuite, en Genèse 3, 6-9 : « La femme vit que l’arbre était bon à manger (pas le fruit !), tentant pour les yeux et que l’arbre était précieux pour comprendre. Elle prit de son fruit et en mangea. Puis elle en donna à l’homme et il en mangea. Alors leurs yeux se désilèrent et ils surent qu’ils étaient nus (rumim, soit plus très loin du serpent…). Ils cousirent des feuilles de figuiers et s’en firent des pagnes ». C’est la culmination du récit, la parole qui éveille la responsabilité éthique inhérente au pouvoir que l’humanité reçoit au sein d’un monde confié à ses soins. L’homme et la femme deviennent informés des différences indépendamment et individuellement, mais à travers l’un l’autre. Ils acquièrent de nouvelles fonctions et, par leurs liens, se distinguent l’un l’autre. L’entrée dans l’histoire se fait par la perte de l’accès à l’immortalité. 

Comme l’explique Lydwine Olivier, une fois l’interdit parlé, il devient lieu de l’inter-dit, là où, entre les lignes, quelque chose du désir singulier d’Ève devient transmissible à l’adam. La transgression en acte rend alors possible le regard porté sur la différence sexuelle, en rendant aussi possible la transmission de la vie humaine comme acte de création. À ce moment du récit, Ève devient un sujet, sujet de désir, femme-sujet, en écart de ce que l’homme la veut, une femme intrinsèquement et expérientiellement habitée par la question du maternel et de la maternité. Gn 3, 16-19 va comme suit : « À la femme, il dit : « Je multiplierai beaucoup tes souffrances et ta grossesse (tes grossesses selon la traduction de van Wolde), dans la souffrance tu enfanteras des fils. Ton désir sera vers ton homme et lui, il te dominera ». À l’homme, il dit : « Parce que tu as écouté la voix de la femme et que tu as mangé de l’arbre (pas du fruit, notez bien !) auquel je t’avais interdit de goûter, maudit soit le sol à cause de toi (mais pas toi ou lui, comme c’est étrange) ! C’est dans la souffrance que tu t’en nourriras, tous les jours de ta vie. Il fera germer l’épine et le chardon pour toi et tu mangeras l’herbe de la plaine. Tu mangeras du pain à la sueur de ton front, jusqu'à ton retour à la terre, puisque c’est d’elle que tu as été tiré, car tu es poussière et tu reviendras en poussière ». 

Jadis, j’écrivais : « La mort est promesse de résurrection, mot dans lequel s’est écrasée l’érection, (dé)pressée par la (dé)tumescence, mot qui scelle l’alliance, la perpétue à perpétuité. Ainsi, avec l’apparition de ce mot, promesse que nous ne serons plus abandonné.e.s au non-être et au morcellement, la déchirure se déplace en nos seins dans le maintenant, avec d’un côté le difficile désir de nouer une relation avec le divin et de l’autre la possibilité d’en faire fi et d’être oublié.e pour l’éternité, enfin laissé.e.s tranquilles! Pas de tourments pas de délices, juste l’effacement le plus complet, juste l’absence de miséricorde. Pas de chemin vers le château qu’on remonterait sans cesse, coupable jusqu’aux os, car, même sans ce réagencement final des membres confirmant que ce n’est pas notre faute – ce n’est même pas une faute. D’ailleurs, le grand designer devait bien savoir qu’interdire de manger d’un fruit, un seul, attiserait la convoitise de ce fruit, ce seul. Tous les parents ont été des enfants et répondent encore à cet élan du « ne pas toucher » et usent de cette tactique pour orienter leur progéniture. Il devait bien savoir, ledit Créateur, que de planter cet arbre, d’en parler tout simplement pour le désigner ainsi de surcroît, soit interdit, entrainerait les conséquences que l’on connaît. Pas une chute. Non. Une affaire prévue d’avance, bien voulue. D’ailleurs, des siècles plus tard, Il veille encore à relever mêmes les morts, ce qui ne signifie toutefois pas qu’ils soient initialement – pas au sens chronologique, mais logique –, tombés (du moins, pas en raison d’un fruit, mais parce qu’il fallait bien qu’ils meurent avec une histoire à la clé et dans laquelle leur rôle ne pourrait être négligé). Simplement étendus, comme sur le divan de l’analyste, pris avec ce goût dans la bouche collant au palais et aux papilles jusqu’à la fin de cette enfance difficile dont on ne sort pas, donc indéfiniment, tous des Blanche-Neige tentée par le fruit et s’assoupissant jusqu’au baiser libérateur. L’arbre offert, comme une femme nue dans une prison de violeurs, Il devait bien savoir que l’un ou l’autre ne le craindrait pas et qu’il en serait ainsi, qu’il fallait qu’il en soit ainsi pour que cette histoire soit. Il n’y a pas Crimes et châtiments sans meurtres à la hache dès le commencement. Il n’y a pas d’humanité et de Dieu qui vaille sans cet arbre, sans cet interdit incompréhensible, semblant placé là autant arbitrairement que le végétal. Ô l’omniscient, tu n’ignores sans doute pas que si on ne veut pas qu’on nous prenne nos affaires, il faut les cacher, les dissimuler dans la bibliothèque ou sur le montant de la cheminée ou encore les enfuir six pieds sous terre et se taire! Ne pas dire : ne mangez pas du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin ! Come on ! Toi qu’on enveloppe de mystères et qui s’acoquine intimement avec le secret et la dissimulation, toi qui as des yeux et une bouche, mais dont on ne peut voir la face, pourquoi n’as-tu pas usé alors de subterfuges pour défendre l’arbre adéquatement. Toi, bien que tu en contentes plus d’un avec l’incroyable, tu ne pouvais sous-estimer tes ainés ou n’en être déjà plus responsable. 

Ce supposé seul mythe biblique m’apparaît tel puisqu’il ne convient pas qu’Adam et Ève restent au paradis, en parfait idiots ou ignares, alors que Dieu a besoin de l’histoire. Dieu devait donc songer qu’en refusant un seul accès et non pas des pléthores, ses créatures en baveraient. Barbe Bleue qu’on se représente à défaut blanche et qui laisse la clé sur le trousseau, qui donne sa langue au serpent pour que sa machination fonctionne, que le test donne une nette impression d’échec alors que la réponse donnée est la seule réponse possible (sinon, le récit finit probablement ici). De plus, s’ils avaient eu les outils ou la force aux bras pour l’abattre cet arbre, le réduire en minuscules copeaux, puis en farine pour s’en faire des galettes et le mettre tout entier dans leur gueule d’animal, ils l’auraient fait ! En tous cas, moi, je l’aurai fait et je pense le faire chaque jour. Come on, l’arbre de la connaissance (dans les mots d’Henri Atlan dans Les étincelles du hasard. Tome I : connaissance spermatique ) ! Tentation suprême, dont une seule bouchée suffit pour entrer dans l’humanité, sortir du jardin et aller par monts et par vaux, non plus nus de sa propre peau animale, mais couverts de peaux d’autres animaux (ayant donc tuer l’autre pour lui arracher son suit !), pour ne plus voir ce sexe à tous vents et aux plus offrants, mais soudainement, quand même, a-voir ce sexe. Parle-moi de ça ! La belle affaire ! Une punition productive, presqu’aussi absurde et dangereuse que celle d’offrir le strict minimum aux condamnés derrière les barreaux, soit enfermer dans l’élémentaire comblé qui, s’il ne l’était pourrait les mobiliser. Ce n’est pas moi qui le dis. Butler suggère au passage qu’assurer le confort de ces derniers, c’est assurer leur mort lente. Félix Leclerc aussi, puisque ça reste tuer un « homme » que de le payer à ne rien faire, de lui remplir la gueule sans qu’il ait à remuer le petit doigt. 

L’histoire au jardin nous enseigne le contraire, soit qu’il faut remuer de tous les doigts et grimper aux arbres pour manger de leurs fruits, surtout s’ils sont ceux de l’arbre illicite, pour sortir d’un état paradisiaque et peu exigeant, larvaire ou puéril, et entrer dans le monde, âpre et hostile, pour, peut-être, devenir grand. Passer du liquide au solide, renouveler sa dentition, résister avec le bec et les ongles, ayant dans la peau encore cette animalité qu’on maquille avec l’épiderme souvent plus extravagant des autres, prenant sans pudeur le vêtement de nos frères et sœurs. Car, oui, même vêtus des pieds à la tête, barbus, voilés, gantés, nous pouvons être sans pudeur, sans peur et sans reproche, nus comme aux jours où nous sortîmes de terre et du vagin de notre mère. Anastasier, c’est ressortir de terre, se lever d’où on nous avait couchés, vêtus de nos corps, nos peaux de bêtes, sans pudeur, sans peur et sans reproche. C’est quitter le corps de sa mère, en grand, pour s’élever dans les feuillus et les conifères, s’enivrer de leurs essences, retomber avec tous ces membres, se mirer au lac miroitant et se voir nu, seul, comme un ver. Un ver qui rime et mange du mort, sort de terre pour se refaire lorsqu’il perd des bouts, susciter encore et encore l’érection, tisser le cocon et se draper de peaux magnifiques. Manger de l’interdit, extraire le lait de ce qu’on y aura compressé et compris, tisser ce soi grâce à ce gluant résultat. » 

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RÉFÉRENCES
Pour aller plus loin
Angliviel De la Baumelle, L. « Ève à l’Épreuve des pères » dans J.C. Schmitt (dir.) Ève et Pandora. La création de la première femme, Paris: Gallimard, p.69087.
Henri Atlan, 199,  Les étincelles du hasard. Tome I : connaissance spermatique, Paris : Éditions du Seuil.
Schmitt Pantel, L, P. 2002, « La création de la femme : un enjeu pour l’histoire des femmes ? » dans J.C. Schmitt (dir.) Ève et Pandora. La création de la première femme, Paris: Gallimard, p. 211- 232.

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PIÈCES MUSICALES
La faute à Ève de Anne Sylvestre provenant de son album J’ai de bonnes nouvelles (1977-78). Dans la chanson, je souligne que – hormis la phrase coup de poing finale : « Le bon dieu est misogyne, mais le diable, il ne l’est pas –, il est question de la pomme. Or, dans le texte, il n’y a pas de pomme. En fait, le fruit, si ce n’est tout simplement pas de l’arbre (voir citation de la semaine précédente, mais aussi le livre de Henri Atlan susmentionné, une véritable somme encyclopédique sur les origines !), est devenu cette rouge, verte ou jaune affaire (comme des feux de circulation !) en raison d’un jeu de mot ou, pour être plus précise de ce glissement sémantique de malum à malum, soit du mal à la pomme en latin et dont la plus ancienne attestation vient d’un écrit de Metelli qui a été repris par Cyprien et plus largement diffusé grâce à un poème d’Avit. Qu'on se le tienne pour dit, dans la tradition juive, c’est plutôt un cep de vigne, tandis que dans La Septante, c’est un figuier…

The Beginning de Philip Glass sur l’album Anima Mundi (1993), pas nécessairement son meilleur et surtout pas son plus connu, mais qui n’en est pas moins, comme à l’habitude de ce rigoureux minimaliste, vraiment intéressant. 

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Les suggestions de Lydwine : 
Maurane & Lara Fabian, Tu es mon Autre 
John Lennon – Woman
Natasha St-Pierre - Un ange frappe à ma porte
Florent Pagny – Et un jour une femme 
Julie Pietri – Éve lève-toi
Quant à moi, je vous invite à réécouter (souvent) Woman Power de Yoko Ono, ainsi qu’une playlist bien nommée sur Spotify: The First Woman par Ana Witonsky


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