Campagne électorale au Sénégal

J’ai atterri dans ce pays de la côte ouest africaine en fin d’après-midi le 11 février 2019. Le soleil dardait ses rayons sur la plaine parsemé de baobabs (mes premiers vus à vie), laquelle doit absorber le rapide développement démographique de Dakar selon la vision du président actuel qui y fait naître une nouvelle cité : Diamniadio. 


   

Il faut dire qu’en 2050, il est prévu que le tiers de la population sénégalaise aura moins de 25 ans. Parle-moi d’un boom! Bien que le climat y soit absurdement clément, la pénombre s’installe vite et c’est dans des rues peu ou pas éclairées que mon hôte me menant jusqu’au restaurant sis en bord de mer, plus précisément dans le quartier nommé les Almadies où trônent les sièges sociaux de l’ONU et de l’UNESCO, l’ambassade américaine, un club de golf où l’accès est privé, à moins de manier les bois, fers et autres types de bâton dédiés à ce sport ainsi que les gros bidous, et, enfin, le Club Med, lequel occupe la pointe la plus avancée dans l’Atlantique et s’avère encore plus privé, autant dire inaccessible à la plupart des Dakarois.


Treize jours très exactement après cette arrivée, le premier tour des élections nationales drainera la population aux urnes. Si je ne l’avais su avant de quitter une Montréal s’apprêtant à recevoir quarante centimètres de neige, les panneaux publicitaires* plantés aux dix mètres n’auraient pas manquer de m’en informer. Cette anarchie de couleurs déchirant le paysage déjà étonnant, voire détonnant en raison superposition des multiples architectures, provoque le tournis. C’est difficile de croire que les accidents de la route ne sont pas plus fréquents, notamment dans les ronds-points saturés de carrosserie et de bruits, à cause de toute cette réclame sollicitant l’attention de tout un chacun. Suspendus au-dessus de nos yeux, les candidats présentent leurs visages, slogans et promesses, découpent l’immensité du bleu avec leurs sourire ou leurs airs sérieux. Il n’y a que des hommes qui se présentent cette année, ce qui n’est pas une nouveauté, mais ce n’est pas parce que ce pays ayant acquis son indépendance en 1960 est majoritairement musulman. Les locales diraient peut-être que c’est comme ça, comme quand vient le temps de régler la note, de payer le verre. Ces tâches incombent aux hommes, c’est comme ça. Cela dit, les femmes, aux premiers abords, semblent plutôt émancipées. Dans la capitale de trois millions d’habitants, le voile, s’il doit être un signe d’un islam rigoriste ou conservateur, est loin d’être omniprésent. La voix du muezzin de la mosquée avoisinante est horrible, contrevenant quasiment au sens de l’appel selon moi, mais plusieurs se pressent néanmoins dès que les haut-parleurs crachent son chant. L’alcool siège au centre des superettes, sans subir de discrimination, comme ce peut être le cas, par exemple, à Marrakech ou à Tunis.  Sans trop vouloir m’avancer, je dirais comme mon collègue, qu’ils ont l’islam pas mal « slaque ». Or, l’aspect religieux doit faire l’objet d’un autre papier. Dans le cadre du présent morceau, je me consacre, comme l’intitulé l’indique, à l’avenir des sept prochaines années ou à ce qui se trame d’ici deux semaines. Avant d’entrer dans le cœur de mon propos, il m’importe d’ajouter quelques lignes sur la façon dont la promotion des uns et des autres se fait de Ngor à Yoff, sur le corps des femmes et sur la tête des garçons, accrochée aux rares lampadaires, collée sur les murs, poteaux, bornes et tout le mobilier urbain disponible.   



Au matin du 12, dans le taxi nous menant à la plage de Yoff, je prends des photos. Mon objectif saisit au passage une structure qui ressemble à une scène en devenir. Au retour, attentifs, nous réalisons que c’est bel et bien le cas, cette dernière s’étant par ailleurs davantage déployée et facilitant ainsi son identification. Qu’à cela ne tienne, il est certain qu’il y aura sous peu un spectacle et puisque nous sommes avides tous deux de découvertes et gratuités, on prend les moyens pour connaître les détails. Notre tournée du rond-point nous laisse cependant bredouilles et ce n’est pas parce que notre wolof fait défaut. C’est toutefois le hasard qui nous donnera la réponse tant attendue, une simple affichette sur le pied d’un lampadaire*, présentant sa face vers le ciel, ce qui est loin d’être stupide étant donné les embuches qui parsèment partout les voies piétonnes et exigent quiconque à garder un œil au sol. Je vois donc la date du 13 en grosses lettres blanches avec la mention encore plus rassurante du rond-point de Ngor. Autant dire que c’est le jack pot!







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