FIQH ET FEMMES

Dominique Blain


Dans le cadre de l’émission, premièrement diffusée le 24 novembre, il a été question, avec mon invitée, Mounia Aït Kabboura, de droit islamique et des femmes, soit de quelques aspects qui les concernent au premier chef, dont la polygamie. Une pratique qui est loin d’être propre à l’Islam, mais qui y est souvent associée, puisqu’elle est encore aujourd’hui surtout présente dans les pays musulmans. Dans l’Islam, la polygamie, s’appuyant sur le verset 3 de la sourate 4 (An-Nisâ, soit Les femmes), est licite sous certaines conditions, restrictions et obligations (le paiement de dots, l’obligation de subvenir au besoin des épouses et enfants, et maximum de quatre), lequel se lit comme suit : « [...] Il est permis d’épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent, mais, si vous craignez de n’être pas justes avec celles-ci, alors une seule, ou des esclaves que vous possédez. Cela, afin de ne pas faire d’injustice (ou afin de ne pas aggraver votre charge de famille) », selon la traduction qu’en donne justement la philosophe. Par ailleurs, toujours dans la sourate 4, au verset 129, on peut lire : « Vous ne pourrez jamais être équitable entre vos femmes, même si vous en êtes soucieux. Ne vous penchez pas tout à fait vers l’une d’elles, au point de laisser l’autre comme en suspens (ce qui est impossible) [...] ». Si on comprend bien, le Coran laisse entendre qu’il est nécessaire d’être juste envers toutes ses femmes et que c’est tâche, en quelque sorte, est impossible. D’ailleurs, de nombreuses luttes antipolygames menées par les associations et mouvements féministes dans les sociétés musulmanes contemporaines s’appuient sur cette injustice préprogrammée… Or, la polygamie – sauf en Turquie et en Tunisie – est encore tolérée, licite, même si elle est en décroissance. Mounia explique maints détails de cette affaire dans « La polygamie en islam et la persécution de l’herméneutique », ce pourquoi je vous invite chaleureusement à consulter ce chapitre paru dans L’islam, regard en coin publié en 2015 aux Presses de l’Université Laval et qui se trouve également ici pour en savoir plus que ce qu’on en a déjà dit en onde.
 



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RÉFÉRENCES
Leila Slimani, 2017, Sexe et mensonge, la vie sexuelle au Maroc, Paris: Les Arènes.

PIÈCES MUSICALES
Introm de DuOud




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